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traînez-les au secours de leur chef, le poète Villon !

Las ! Les fossés sont profonds, les tours sont hautes, les piques des haquebutiers sont aiguës, le vin coule, la cervoise pétille, le feu flambe, les filles sont gorgées de hideuses saouleries : ô pauvre Villon, personne ne bouge !

Claque des dents, meurtris tes mains, guermente-toi, pleure d’angoisseux gémissements, tes amis ne t’écoutent pas ; ils sont à la taverne, sous les tresteaux, ivres d’hypocras, crevés de mangeailles, inertes, débraillés, fétides, couchés les uns sur les autres, Frémin l’Étourdi sur le bon Jehan Cotard qui se rigole encore et remue les badigoinces, Michault Cul d’Oue sur ce gros lippu de Beaulde. Tes maîtresses se moquent bien de toi ! elles sont dans les bouges de la Cité qui s’ébattent avec les escoliers et les sou-