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lippue, couleur d’aubergine, et des oreilles énormes, plaquées sur les tempes, comme des oreilles d’Indou ; un teint fantastique, vert pomme par endroits, jaune safran par d’autres ; une voix étonnante, descendant jusqu’aux notes les plus basses, nasillant dans les tons ordinaires. Il était vêtu d’un paletot pointillé de noir et de brun, roide au collet, déchiqueté aux poches, et d’un pantalon aux teintes de bitume. Il tenait à la main gauche une grande mandoline, appuyait son menton près des cordes et chatouillait de la main droite le ventre de l’instrument qui gémissait de larmoyante façon. Il se cambrait et regardait autour de lui avec fierté. Il chanta de sa plus forte voix le Chant de la Canaille, recueillit les plus précieux suffrages, avala un verre de vin que je lui présentai et se dis-