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de la liturgie peuvent être empruntées impunément par chacun de nous, car le propre de leur inspiration, c’est de s’adapter, à travers les temps, à tous les états d’âme, à tous les âges. Si nous exceptons encore les prières consacrées de quelques S aints, qui sont, en somme, des adjurations de pitié et d’aide, des appels à la miséricorde, des plaintes, les autres suppliques issues des froides et fades sacristies du XVIIe siècle ou, ce qui est encore pis, imaginées à notre époque par des marchands de piété qui transfèrent dans les paroissiens, les bondieuseries de la rue Bonaparte, toutes ces mensongères et prétentieuses oraisons sont à fuir pour les pécheurs qui, à défaut d’autres qualités, veulent se montrer au moins sincères !

Il n’y a que cet extraordinaire enfant qui pourrait peut-être entretenir, sans hypocrisie, le Seigneur de la sorte, reprit-il, regardant le petit servant, comprenant vraiment, pour la première fois, ce qu’était l’enfance innocente, la petite âme sans péchés, toute blanche. L’Eglise qui cherche, pour l’assister devant l’autel, des êtres absolument ingénus, absolument purs, était enfin arrivée, à Chartres, à façonner des âmes, à muer, dès l’entrée dans le sanctuaire, en d’exquis angelots, d’ordinaires mômes. Il fallait réellement qu’en sus même d’une culture spéciale, il y eût une grâce, une volonté de Notre-Dame, de modeler ces gamins voués à son service, en ne les rendant pas semblables aux autres, en les ramenant, en plein XIXe siècle, à l’ardente chasteté, à la première ferveur du Moyen Age.

L’office se poursuivait, lent, absorbé dans le silence terre à terre des assistants et l’enfant, plus attentif, plus