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des paroles qu’il devait dire, haletait, saisi comme à sa première messe, par la grandeur de l’acte qu’il allait accomplir.

Durtal sentait, en effet, frémir la voix de l’officiant, debout devant l’autel, ainsi que le Fils même qu’il représentait devant le Père, demandant grâce pour tous les péchés du monde qu’il apportait, secouru, dans son affliction et dans son espoir, par l’innocence de l’enfant dont l’amoureuse crainte était moins réfléchie que la sienne et moins vive.

Et lorsqu’il prononçait cette phrase désolée : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi mon âme est-elle triste et pourquoi me troublez-vous ? » le prêtre était bien la figure de Jésus souffrant sur le Calvaire, mais l’homme restait aussi dans le célébrant, l’homme faisant retour sur lui-même et s’appliquant naturellement, en raison de ses délits personnels, de ses propres fautes, les impressions de détresse notées par le texte inspiré du psaume.

Et le petit servant le réconfortait, l’incitait à espérer et, après avoir murmuré le confiteor devant le peuple qui se purifiait à son tour, par une identique ablution d’aveux, l’officiant, plus rassuré, gravissait les marches de l’autel et commençait la messe.

Vraiment, dans cette atmosphère de prières rabattues par le lourd plafond, dans ce milieu de sœurs et de femmes agenouillées, Durtal eut l’idée d’un premier christianisme enfoui dans les catacombes ; c’était la même tendresse éperdue, la même foi ; et l’on pouvait se suggérer un peu de l’appréhension d’être surpris et du désir d’affirmer devant un péril ses croyances. Ainsi