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dépliées d’éventail, des corridors au bout desquels l’on discernait des vitres en brouillard qui paraissaient presque claires dans la nuit opaque des murs.

Et Durtal aboutit, en longeant la courbe du couloir, à un tambour vert qu’il poussa. Il entrait dans le flanc d’une avenue se terminant en une sorte d’hémicycle que meublait un maître-autel. A sa gauche et à sa droite, deux minuscules galeries dessinaient les bras de croix d’un petit transept. La grande avenue, qui était une nef, était bordée, de chaque côté, de chaises laissant entre elles un étroit passage pour gagner l’autel.

L’on y voyait à peine, le sanctuaire n’étant éclairé que par des veilleuses pendues au plafond, des veilleuses couleur d’orange sanguine et d’or trouble. Une tiédeur extraordinaire soufflait dans ce caveau qui répandait aussi un singulier parfum où revenait, dans un souvenir de terre humide, un relent de cire chaude ; mais c’était là, si l’on peut dire, le fond, le canevas même de la senteur, car elle disparaissait sous les broderies odorantes qui la couvraient, sous la dorure éteinte d’une huile en laquelle on aurait fait macérer d’anciens aromates, dissoudre de très vieux encens. C’était une exhalaison mystérieuse et confuse, comme la crypte même qui, avec ses lueurs furtives et ses pans d’ombre, était à la fois pénitentielle et douillette, étrange.

Durtal se dirigea par la grande allée vers le croisillon de droite et s’assit ; ce bras exigu du transept était muni d’un autel estampé d’une croix grecque en relief sur une sphère de pourpre. Partout, en l’air, la voûte énorme et cambrée plombait, si basse que le bras levé d’un homme pouvait l’atteindre ; et elle était noire, telle qu’un fond