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que de Dublin, qui, en guise de repas, se contentait de tremper son pain dans la lessive.

— Pourquoi ?

— Mais pour dire avec le Roi Prophète qu’il se nourrissait de cendre — puisqu’il y a de la poudre de charbon dans la lessive ; — c’est le festin de la pénitence qui ne ressemble guère à celui que nous venons de nous ingérer, ajouta, en riant, l’abbé.

— Eh bien, voilà qui vous confond, ma chère madame Bavoil, dit l’abbé Gévresin. Vous n’êtes pas encore hantée par la concupiscence de ces pauvres galas ; quelle fine bouche vous êtes ! il vous faut du lait ou de l’eau pour humecter vos mouillettes !

— Mon Dieu, fit à son tour sérieusement Durtal, en tant que bombances, il y a mieux. Je me rappelle avoir lu, dans un vieux livre, l’histoire de la Bienheureuse Catherine de Cardone qui, sans s’aider de ses mains, broutait, à genoux, des herbes avec les ânes.

Mme Bavoil ne parut pas se douter que ses amis plaisantaient et, humblement, elle répondit :

— Le bon Dieu ne m’a jamais demandé de saupoudrer mes tartines de cendre ou de paître des herbes… s’il veut m’en intimer l’ordre, bien sûr que je le ferai… mais c’est égal…

Elle se montrait si peu enthousiaste que tous rirent.

— En somme, reprit l’abbé Gévresin, après un silence, la cathédrale actuelle est du XIIe et du XIIIe siècle, sauf, bien entendu, le clocher neuf et de nombreux détails.

— Oui.

— Et l’on ignore le nom des architectes qui l’édifièrent ?