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Auguste, alors que Régnault de Mouçon était évêque de Chartres, est celle que nous voyons aujourd’hui et qui fut consacrée, le 17 octobre 1260, en présence de saint Louis ; elle n’a cessé de passer par la fournaise. En 1506, le tonnerre tombe sur la flèche du Nord dont la carcasse était en bois revêtue de plomb ; une épouvantable tempête, qui dure de six heures du soir jusqu’à quatre heures du matin, attise le feu dont la violence devient telle qu’il fond comme des pains de cire les six cloches. L’on parvient à limiter les ravages des flammes et l’on ravitaille l’église. Dès lors, le fléau ne cesse plus. En 1539, en 1573, en 1589, la foudre croule sur le clocher neuf. Plus d’un siècle s’écoule, et tout recommence ; en 1701 et en 1740, la même flèche est encore atteinte.

Elle demeure indemne, jusqu’en 1825, année pendant laquelle le tonnerre la bat et l’ébranle, le lundi de la Pentecôte, tandis que l’on chante le Magnificat, aux Vêpres.

Enfin, le 4 juin 1836, un formidable incendie, déterminé par l’imprudence de deux plombiers qui travaillent dans les faîtes, éclate. Il persiste pendant onze heures et ruine toute la charpente, la forêt entière de la toiture ; c’est miracle que l’église n’ait pas complètement disparu, dans cette tourmente.

Avouez, Monsieur, que cette continuité de catastrophes est surprenante.

— Oui, et ce qui est aussi bizarre, fit l’abbé Gévresin, c’est l’acharnement que met à la renverser le feu du ciel.

— Comment expliquer cela ? demanda Durtal.