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C’était là, au premier, sous un grenier qu’éclairaient des œils de bœufs, que résidait l’abbé Gévresin.

Ils gravirent un escalier étroit, bordé d’une rampe rouillée de fer. Les murs ruisselaient d’humidité, secrétaient des roupies, distillaient des gouttes de café noir ; les marches étaient creusées, s’amincissaient du bout ainsi que des cuillers ; elles conduisaient à une porte badigeonnée d’ocre dans laquelle était planté un bouton de fonte, couleur d’encre. Un cordon de sonnette balançait un anneau de cuivre qui se cognait remué par le vent, contre le plâtre éraillé du mur. Une indéfinissable odeur de vieille pomme et d’eau qui croupit, s’échappait de la cage de l’escalier, précédé d’un court vestibule que pavaient des rangées de briques, couchées sur le flanc, rongées à la façon des madrépores, que plafonnait une sorte de carte de géographie, sillonnée de mers dessinées comme avec de l’urine par des infiltrations de pluie.

Et le petit appartement de l’abbé, tendu d’un méchant papier neuf et carrelé de rouge, fleurait la tombe ; on se rendait compte que, dans l’ombre de la cathédrale qui couvrait cette aile, aucun soleil ne venait sécher les cloisons s’effritant dans le bas des plinthes en une poudre de cassonade, s’émiettant lentement sur le vernis glacé du sol.

Quelle misère ! voir un vieillard ravagé par les rhumatismes, habiter là ! pensait Durtal.

Il est vrai que lorsqu’il pénétra dans la chambre de l’abbé, il la trouva un peu dégourdie par un grand feu de coke ; le prêtre lisait son bréviaire, enveloppé d’une