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Pour en revenir à mes moutons, j’ai naturellement un peu souffert de la froideur que l’on me montra, dès mon arrivée dans cette ville. Je vous l’ai dit, j’avais bien des appréhensions à rassurer. J’y suis parvenu, je crois. Puis je loue Dieu de m’avoir prêté un auxiliaire précieux, en la personne d’un vicaire de la cathédrale qui m’a vaillamment servi auprès de mes confrères, l’abbé Plomb, vous le connaissez ?

— Non.

— C’est un prêtre très intelligent, très lettré, qui adore la mystique, qui est très au courant de la cathédrale dont il raffole et dont il a scruté tous les coins.

— Ah mais ! il m’intéresse ce vicaire-là ! voyons, il figure peut-être parmi ceux que j’ai déjà remarqués ; comment est-il ?

— Un petit, jeune, pâle, un peu grêlé, coiffé de cheveux coupés en brosse, ayant des lunettes, reconnaissable à cette particularité : la branche, posée sur le nez, a la forme d’une anse, ou, si vous aimez mieux, dessine l’arc des deux jambes d’un cavalier chevauchant sa monture.

— C’est celui-là ! — Et quand il fut seul, Durtal rumina, songeant à ce vicaire qu’il avait aperçu souvent dans l’église ou sur la place.

Certes, fit-il, on risque toujours de se tromper lorsqu’on apprécie les gens sur les apparences, mais combien la vérité de ce lieu commun apparaît extraordinaire, quand il s’agit du clergé !

Cet abbé Plomb, il a l’air d’un sacriste effaré ; il bâille à l’on ne sait quelles corneilles ; et il semble si mal à l’aise, si jean-jean, si gauche… et il serait un