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Comme il n’a point le caractère épiscopal, il ne peut exercer aucun des pouvoirs qui en dépendent. Il ne saurait par conséquent conférer les ordres ou donner la confirmation.

— Et si la vacance se prolonge ?

— Alors il prie l’évêque d’un diocèse voisin d’ordonner les séminaristes ou de confirmer les enfants qu’il lui présente. En somme, vous le voyez, ce n’est pas un seigneur de grande importance qu’un chanoine !

Je ne parle pas ici, bien entendu, des chanoines honoraires ou des chanoines d’honneur. Ceux-là n’ont aucune obligation à remplir ; ils sont pourvus d’un simple tire honorifique qui leur permet de porter la mosette, avec l’agrément de leur évêque, dans le cas très fréquent où ils font partie d’un autre diocèse.

Quant au chapitre même de Chartres, il aurait été fondé au VIe siècle, par saint Lubin. Il était alors composé de soixante-douze chanoines et le nombre s’accrut encore, car lorsque la Révolution survint, il s’élevait au chiffre de soixante-seize et comptait dix-sept dignitaires : le doyen, le sous-doyen, le chantre, le sous-chantre, le grand archidiacre de Chartres, les archidiacres de Beauce-en-Dunois, de Dreux, du Pincerais, de Vendôme, de Blois, le chambrier, le chancelier, les prévôts de Normandie, de Mézangey, d’Ingré, d’Auvers, et le chefcier. Nobles et riches, pour la plupart, ces prêtres formaient une pépinière d’évêques et possesseurs de toutes les maisons qui entourent la cathédrale, ils vivaient indépendants dans leur cloître, étudiant l’histoire, la théologie, le droit canon… à l’heure actuelle c’est une vraie déchéance… l’abbé se tut et secouant la tête, il reprit :