Page:Huysmans - La Cathédrale, 1915.djvu/53

Cette page n’a pas encore été corrigée

que sur des catalogues de librairie et, dès lors, rien n’empêche qu’on vous les envoie partout où vous serez.

— Je ne vous dis pas…mais il y a autre chose sur les quais que des bouquins ; il y a des bibelots à regarder, la Seine, il y a un paysage…

—Eh ! bien, si la nostalgie vous vient de cette promenade, vous prendrez le train et longerez, pendant toute une après-midi, les parapets du fleuve ; il est facile d’aller de Chartres à Paris ; vous avez, soir et matin, des express qui effectuent le trajet en moins de deux heures.

— Et puis, s’écria Mme Bavoil, il s’agit bien de cela ! Ce dont il s’agit, c’est d’abandonner une ville semblable à une autre pour habiter le territoire même de la Vierge. Songez que Notre-Dame de Sous Terre est la plus antique chapelle que Marie ait en France ; songez que l’on vit près d’Elle, chez Elle et qu’Elle vous comble de grâces !

— Enfin, reprit l’abbé, cet exil ne peut contrarier en rien vos projets d’art. Vous voulez écrire des vies de Saints ; ne les travaillerez-vous pas mieux dans le silence de la province que dans le brouhaha de Paris ?

— La province…la province ! d’avance, elle m’accable, s’écria Durtal. Si vous vous doutiez de l’impression qu’elle me suggère et sous quelle apparence d’atmosphère et sous quel aspect d’odorat elle se présente ! Tenez, vous connaissez, dans les vieilles maisons, ces grands placards à deux battants dont l’intérieur est tendu de papier bleu toujours humide. Eh ! bien, je m’imagine, au seul mot de province, en ouvrir un et recevoir en plein visage la bouffée de renfermé qui en sort ! — et si je veux