différer votre départ de quelques jours, car après-demain se célèbre une fête en l’honneur de la Vierge ; l’on attend des pèlerinages de Paris et l’on portera en procession dans les rues la châsse qui contient le voile de notre Mère.
— Ah ! s’écria Durtal, je n’aime guère les dévotions en commun ; quand Notre-Dame tient ses assises solennelles, je m’absente et j’attends pour la visiter qu’Elle soit seule. Les multitudes bramant des cantiques, avec des yeux qui rampent ou cherchent des épingles à terre sous prétexte d’onction, m’excèdent. Je suis pour les Reines délaissées, pour les églises désertes, pour les chapelles noires. Je suis de l’avis de saint Jean de la Croix qui avoue ne pas aimer les pèlerinages des foules, parce que l’on en revient encore plus distrait qu’on n’y est allé.
Non, ce qu’il me coûte un peu de quitter, en m’éloignant de Chartres, c’est justement ce silence, cette solitude de la cathédrale, ces entretiens dans la nuit de la crypte et le crépuscule de la nef avec la Vierge. Ah ! c’est ici, seulement qu’on est auprès d’Elle et qu’on la voit !
Au fait, reprit-il, après un moment de réflexion, on la voit, dans le sens exact du mot, ou, du moins, l’on peut s’imaginer la voir. S’il est un endroit où je me représente son visage, son attitude, son portrait, en un mot, c’est à Chartres.
— Comment cela ?
— Mais, Monsieur l’abbé, nous ne possédons, en somme, aucun renseignement sérieux sur la physionomie, sur l’allure de notre Mère. Ses traits demeurent