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— Les vraies exorations, reprit-il, sont celles de la liturgie, celles que Dieu nous a enseignées, lui-même, les seules qui se servent d’une langue digne de lui, de sa propre langue. Elles sont complètes et elles sont souveraines, car tous nos désirs, tous nos regrets, toutes nos plaintes sont fixés dans les psaumes. Le Prophète a tout prévu et tout dit ; laissez-le donc parler pour vous et vous prêter ainsi, par son intermédiaire auprès de Dieu, son assistance.

Quant aux suppliques que vous pouvez éprouver le besoin d’adresser à Dieu, en dehors des heures réservées à leur usage, faites-les courtes. Imitez les solitaires de l’Egypte, les Pères du Désert, qui étaient des maîtres en l’art d’orer. Voici ce que déclare à Cassien, le vieil Isaac : priez peu à la fois et souvent, de peur que si vos oraisons ne sont longues, l’Ennemi ne vienne à les troubler. Conformez-vous à ces deux règles, elles vous sauveront des émeutes intimes. Allez donc en paix et n’hésitez pas d’ailleurs, si quelque embarras vous survient, à consulter l’abbé Plomb.

— Hé, notre ami, s’exclama en riant Mme Bavoil, vous pourriez encore enrayer vos dissipations, en usant du moyen qu’employait l’abbesses sainte Aure, pour psalmodier le psautier ; elle s’asseyait dans une chaire dont le dos était percé de cent longs clous et quand elle se sentait s’évaporer, elle s’appuyait fortement les épaules sur leurs pointes ; rien de tel, je vous en réponds, pour rallier les gens et ranimer l’attention qui s’endort…

— Merci bien…

— Autre chose, reprit-elle, cessant de rire, vous devriez