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s’accostent et jasent ; je suis constamment sorti et quand je veux rentrer chez moi, la place est prise.

— Dame, ça se conçoit ; vous n’ignorez pas le proverbe : qui va à la chasse, perd sa place.

— C’est très joli à dire, mais…

— Mais, notre ami, le Seigneur a prévu le cas, lorsqu’à propos de ces diversions qui voltigent dans l’esprit comme des mouches, il a répondu aux plaintes de Jeanne de Matel désolée par ces noises, d’imiter le chasseur dont le carnier n’est jamais vide parce qu’à défaut d’une grosse proie, il s’empare, en chemin, de la petite qu’il rencontre.

— Encore faudrait-il en rencontrer une !

— Vivez en paix, là-bas, dit l’abbé ; ne vous occupez pas d’examiner si, oui ou non, votre domaine est clos et écoutez ce conseil. Vous avez coutume, n’est-ce pas, de débiter des oraisons que vous savez par cœur ; et c’est surtout pendant ce temps que les évagations se produisent ; eh bien, laissez de côté ces oraisons et suivez très régulièrement, dans la chapelle du cloître, les prières des offices. Vous les connaissez moins, vous serez obligé, ne fût-ce que pour bien les comprendre, de les lire avec soin ; vous aurez donc moins de chance de vous désunir.

— Sans doute, répliqua Durtal, mais quand l’on n’a pas dévidé les prières que l’on a pris l’habitude de réciter, il semble que l’on n’a pas prié. Je conviens que ce que j’avance est absurde, mais il n’est point de fidèle qui ne la perçoive cette impression, lorsqu’on lui change le texte de ses patenôtres.

L’abbé sourit.