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sur ses portails, pour tourmenter les âmes ; la liste de ses châtiments est courte ; elle se borne à énumérer en quelques statuettes, la variété des peines ; au dedans, la Vierge reste surtout la Vierge de Bethléem, la jeune mère, et Jésus est toujours un peu enfant avec Elle et Il lui obéit lorsqu’Elle l’implore.

Elle avère, du reste, l’ampleur de sa patience, de sa charité, par le symbole de la longueur de sa crypte et de la largeur de sa nef qui surpassent celles des autres basiliques.

Elle est, en somme, la cathédrale mystique, par excellence, celle où la Madone accueille avec le plus de mansuétude les pécheurs.

Voyons, fit Durtal, en consultant sa montre, l’abbé Gévresin doit avoir terminé son déjeuner ; c’est le moment de lui faire mes adieux, avant que de rejoindre l’abbé Plomb à la gare.

Il traversa la cour de l’évêché et sonna chez le prêtre.

— Vous voici sur votre départ, dit Mme Bavoil qui ouvrit la porte et le conduisit près de son maître.

— Mais oui…

— Je vous envie, soupira l’abbé, car vous allez assister à de merveilleux offices et entendre d’admirables chants.

— Je l’espère ; si seulement, cela pouvait me coordonner et me permettre de me retrouver chez moi, dans mon âme, et non plus dans je ne sais quel logis ouvert à tous les vents.

— Elle manque de serrures et de loquets, votre âme, fit Mme Bavoil, en riant.

— Elle est un lieu public où toutes les distractions