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de l’église. Au XVIIIe siècle, l’on discerne leurs traces dans le Roussillon. A l’heure actuelle, la danse liturgique persiste encore, mais c’est en Espagne surtout que la tradition de ces saintes fariboles s’est conservée.

Il n’y a pas très longtemps, lors de la fête du Corpus Christi, à Compostelle, la procession était précédée dans les rues par un individu de haute taille qui se démenait en portant un autre homme sur ses épaules. Actuellement encore, à Séville, le jour de la fête du Saint-Sacrement des enfants de chœur se dandinent en une sorte de valse lente et chantent des cantiques devant le maître autel de la cathédrale. Dans d’autres villes, aux fêtes de la Vierge, l’on déroule une sarabande autour de sa statue, l’on entrechoque des bâtons, l’on joue des castagnettes et, pour clore la cérémonie, les assistants font, en guise d’amen, crépiter des pétards.

Mais tout cela est médiocrement intéressant et je me demande, en tout cas, quels sens peuvent bien être attribués à des entrechats et à des ronds de jambes ? je m’imagine difficilement que des farandoles et des boléros puissent feindre des prières ; je me persuade mal que l’on récite des actions de grâces, en pilant du poivre avec ses pieds et en virant une illusoire manivelle de moulin à café avec ses bras.

La vérité est que le symbolisme de la danse est ignoré, qu’aucune règle ne nous est parvenue des acceptions que les anciens lui assignèrent. Au fond, la danse liturgique est une joie grossière des gens du Midi. Bornons-nous donc à la citer pour mémoire, et voilà tout.

Quel a été maintenant, au point de vue pratique, l’influence du symbolisme sur les âmes ?