Page:Huysmans - La Cathédrale, 1915.djvu/468

Cette page n’a pas encore été corrigée

principale d’Amiens ; mais presque partout, les iconoclastes l’ont détruit et l’on peut compter les églises où maintenant la statue du Porte-Christ se montre. Elle séjourna sûremùent à Chartres, oui, mais dans quel endroit ? les monographes de la basilique n’en parlent point.

Et, en cheminant, il se plaisait à penser à ce Saint dont la popularité s’explique, car nos pères croyaient qu’il suffisait de regarder son image sculptée ou peinte, pour être protégé, pendant toute la journée, de catastrophes, surtout de la malemort.

Aussi, émergeait-il, en dehors, bien en évidence, en bonne place, énorme, de façon à pouvoir être aperçu, même de loin, par les passants. D’autres fois, son portrait s’étendait, gigantesque, dans l’intérieur de l’église. Ainsi le voit-on au Dom d’Erfurt, dans une freque du XVe siècle, trop réparée. Cette figure monstrueuse, haute de cinq étages, va des dalles du sanctuaire aux voûtes. Christophe a une barbe qui coule à torrents et des jambes aussi grosses que des piliers de nef. Il porte, adorant et courbé, sur ses épaules, un enfant à tête ronde qui bénit, en souriant, avec une mine enfarinée de pierrot, les visiteurs. Et lui, patauge, pieds nus, dans un étang plein de petits roseaux, de diablotins, de poissons cornus, de fleurettes étranges, le tout minuscule pour mieux exagérer encore la statue colossale du Saint.

Ce pauvre ami, ruminait Durtal, il fut vénéré par le peuple mais un peu tenu à l’écart par l’Eglise, car il est, avec saint Georges et quelques autres martyrs, de ceux dont la biographie suggère bien des doutes…

Saint Christophe fut invoqué, pendant le Moyen Age,