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de ces martyrs, l’histoire de saint Etienne disputant contre les docteurs et lapidé par les Juifs ; et, partout, sur des piliers carrés, sous la voûte du porche, des pierres s’excisaient en des figurines tourmentées de Justes : saint Léger, saint Laurent, saint Thomas de Cantorbéry, saint Bacche, saint Quentin, d’autres encore ; et c’était un défilé de Bienheureux qu’on éborgnait, qu’on calcinait, qu’on tailladait, qu’on fouettait à tour de bras, qu’on étêtait ; mais le tout était dans un pitoyable état. En les ébranchant encore de plusieurs membres, le vent et la rage des sans-culottes avaient complété le supplice de ces Saints.

La baie de droite, consacrée aux Confesseurs, s’ouvrait en une cosse immense debout, alignant sur sa paroi écartée de gauche, saint Nicolas, archevêque de Myre, haussant une main gantée, foulant aux pieds le cruel hôtelier qui occit les enfants dont la mort devint le sujet de tant de complaintes ; puis saint Ambroise, docteur de l’Eglise, archevêque de Milan, coiffé d’une mître singulière, en forme d’éteignoir ; saint Léon, pape, le vainqueur d’Attila, enfin saint Laumer, l’une des gloires du pays de Chartres.

Celui-là était un peu, ainsi que le saint Piat de la baie de gauche, un inconnu fourvoyé dans les rangs illustres de ces Saints. Très vénéré autrefois dans la Beauce, il avait mené, de son vivant, une existence qui pouvait se condenser en trois lignes : après avoir gardé, pendant son enfance, les troupeaux, il avait été cellerier de la cathédrale, anachorète et enfin moine et abbé du monastère de Corbion, dans les forêts de l’Orne.

La paroi évasée de droite logeait saint Martin, évêque