Page:Huysmans - La Cathédrale, 1915.djvu/448

Cette page n’a pas encore été corrigée


Oui, c’est presque cela. Dans cette condition d’esprit à la fois casanière et nomade, que je m’avise de lire une œuvre de haute mystique, sainte Térèse ou sainte Angèle, alors la touche si subtile se précise ; je perçois des élans qui m’ameutent ; je me figure que mon âme a recouvré la santé, qu’elle rajeunit, qu’elle respire ; et si je veux profiter de cette éclaircie pour me réunir et pour prier, tout s’arrête ; je me fuis et rien ne va. Quelle misère et quelle pitié !

L’abbé Gévresin m’a dirigé comment jusqu’ici ?

Il a surtout employé la méthode expectante, se bornant, moins à combattre les accidents qu’à lutter contre ma faiblesse générale, qu’à me réconforter. Il m’a prescrit les médications martiales de l’âme, m’ordonnant de communier lorsqu’il me voyait faiblir. Aujourd’hui, si je table juste, il change ses batteries de place. Ou il abandonne une tactique qui n’a pas réussi, ou bien, au contraire, il la perfectionne ; son traitement ayant, sans que je m’en sois douté, produit les effets qu’il désirait atteindre ; et dans l’un et l’autre cas, il veut, pour activer ou pour compléter la cure, m’envoyer dans un cloître.

Ce système paraît, au reste, faire partie de sa thérapeutique, car c’est ainsi qu’il s’y est pris lorsqu’il m’aidait à me convertir ; il m’a dépêché dans une station thermale d’âme, aux eaux énergiques, terribles ; maintenant, il ne juge plus nécessaire de m’infliger un pareil traitement et il m’engage à séjourner dans un lieu plus reposant, dans un air moins vif, est-ce cela ?

Il n’est pas jusqu’à sa manière de vous saisir à l’improviste et de vous asséner brusquement sa décision qui ne soit la même. Cette fois-ci, ce n’est point lui qui s’est