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plus heureux qu’avant ma conversion ? et il devait cependant bien, pour ne pas se mentir, répondre oui ; il menait une vie chrétienne en somme, priait mal, mais priait sans relâche au moins ; seulement… seulement… ah ! ses pauvres demeures d’âme étaient-elles assez vermoulues, assez arides ! — Et il se demandait avec angoisse si elles ne finiraient pas, comme le manoir d’Edgar Poë, par s’effondrer subitement, un jour de crise, dans les eaux noires de cet étang de péchés qui minait les murs !

Arrivé à ce point de ses rabâchages, forcément il déviait sur l’abbé Gévresin qui l’obligeait, malgré ses indésirs, à communier. Depuis son retour de Notre-Dame de l’Atre, ses relations avec ce prêtre s’étaient resserrées, étaient devenues tout intimes.

Il connaissait maintenant l’intérieur de cet ecclésiastique, émigré en plein Moyen Age, loin de la vie moderne. Autrefois quand il sonnait chez lui, il ne prêtait aucune attention à la servante, une femme âgée qui saluait, silencieuse, en ouvrant la porte.

Maintenant il fréquentait la singulière et l’affectueuse bonne.

La première entrevue eut lieu, un jour qu’il était allé voir l’abbé souffrant. Installée près du lit, elle avait des lunettes en vigie sur le bout de son nez et elle baisait, une à une, des images de piété insérées dans un livre vêtu de drap noir. Elle l’avait invité à s’asseoir puis, fermant le volume et remontant ses lunettes, elle avait pris part à la conversation et il était sorti de cette chambre, abasourdi par cette personne qui appelait l’abbé « père » et parlait, très simplement, ainsi que d’une