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— Et il n’en dégustera point non plus de cette qualité dans n’importe quel autre ordre religieux, appuya l’abbé Plomb.

— Ne me découragez pas d’avance, s’exclama, en riant, Durtal ; permettez-moi de me régaler sans arrière-pensée… il y a temps pour tout…

— Alors, reprit l’abbé Gévresin, vous êtes décidé à envoyer à la Revue un travail allégorique sur les animaux.

— Oui, Monsieur l’abbé.

— J’ai trié à votre intention, d’après les études spéciales de Fillion et de Lesêtre, les erreurs commises par les traducteurs de la Bible lorsqu’ils affublèrent de noms chimériques des bêtes réelles, dit l’abbé Plomb. Voici, en quelques mots, le résultat de mes perquisitions.

Il n’y a jamais eu de faune mythologique dans les Livres Saints. Le texte hébreu a été défiguré par ceux qui le transférèrent en grec et en latin ; et ce bestiaire si étrange, qui nous déconcerte dans certains chapitres d’Isaïe et de Job, se réduit simplement à une nomenclature d’êtres connus.

Ainsi les onocentaures et les sirènes dont le Prophète nous entretient, sont tout bonnement des chacals, si l’on examine les mots hébraïques qui les désignent. La lamie, ce vampire mi-serpent, mi-femme, comme la wivre, est un oiseau de nuit, le chat-huant ou la chouette ; les satyres, les faunes, les créatures velues dont il est question dans la Vulgate ne sont, au demeurant, que des boucs sauvages, des « schirim », ainsi que la langue mosaïque les nomme.

La bête qui s’annonce tant de fois dans la Bible, sous le titre