Page:Huysmans - La Cathédrale, 1915.djvu/436

Cette page n’a pas encore été corrigée

il n’existe en français aucun travail complet sur le symbolisme car l’ouvrage de l’abbé Auber sur ce sujet est un leurre. Pour la flore, vous chercheriez vainement un manuel sérieux qui fasse même allusion aux propriétés catholiques des plantes. Je néglige, bien entendu, ces livres stupides à l’usage des amoureux, intitulés « le langage des fleurs » et qui côtoient « la parfaite cuisinière » et « la clef des songes » sur les parapets des quais. Il en est de même des couleurs ; rien de vraiment documenté n’a été écrit sur les teintes infernales ou pieuses, et, en effet, le traité que leur consacra Frédéric Portal est, au point de vue du chromatisme chrétien, nul. Il m’a fallu, pour l’explication de l’œuvre de l’Angelico, picorer dans les mystiques, afin de découvrir, çà et là, les sens qu’ils décernaient aux tons ; et je vois bien qu’il me faudra user d’une pareille méthode pour mon étude sur la faune religieuse. Il n’y a rien à attendre, en somme, des volumes techniques et c’est dans la Bible et dans la liturgie, sources premières de la science des symboles, qu’il convient de pêcher. A propos, monsieur l’abbé, n’aviez-vous pas des remarques à me communiquer sur le Belluaire des Ecritures ?

— Oui, nous allons…

— A table, s’il vous plaît, s’écria Mme Bavoil.

L’abbé Gévresin récita le Benedicite, puis l’on mangea la soupe et la gouvernante apporta le bœuf aux carottes.

Il était roboratif, moelleux, pénétré, jusque dans ses plus secrètes fibres, par l’onctueuse et par l’énergique sauce qui le baignait.

— Hein, vous n’en mangiez pas de semblable à le Trappe, notre ami, dit Mme Bavoil.