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tous s’empressent de remercier le Ciel. — Que pensez-vous de cette histoire ?

— Elle est stupéfiante, à coup sûr, mais ce cas de cloaque infernal est-il unique ?

— Non, un siècle après, des faits analogues se découvrent chez Elisabeth de Reute et aussi chez la bienheureuse Bétha. Là encore, Satan se livre à d’immondes facéties ; il s’allège près de la couche de la Bienheureuse, tapisse le plancher et goudronne avec ses produits les murs. A noter aussi, dans le moderne, que des actes de ce genre eurent lieu chez le Curé d’Ars…

— Je ne vois pas, dans tout cela, le développement de la symbolique des odeurs, fit Durtal. En tout cas, le champ est restreint ou mal défini et le nombre des parfums que l’on peut mentionner est court.

Nous avons les essences extraites de l’Ancien Testament et qui présagent la Vierge ; quelques unes d’entre elles sont encore admises dans un autre sens, tels le nard, la casse et le cinname ; le premier interprète la force de l’âme, la seconde, la saine doctrine et le troisième la bénéolence des vertus ; nous avons aussi le bouquet du cèdre qui spécifiait, au XIIIe siècle, les Docteurs de l’Eglise ; puis trois aromes liturgiques précis : l’encens, la myrrhe, le baume ; enfin l’odeur de Sainteté qui peut presque s’analyser chez quelques saints et la puanteur démoniaque qui va de l’infection animale à l’horreur des œufs couvis et des sulfures.

Il faudrait maintenant vérifier si la senteur personnelle d’un élu est bien en harmonie avec celles des qualités ou des œuvres dont il fut, ici-bas, le modèle ou l’auteur ; ce qui semble exact si l’on observe que saint Thomas