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de la circonspection chrétienne, car, dit la légende, lorsqu’il est poursuivi par des chasseurs, il s’arrache avec les dents la poche qui contient le castoreum et le jette à l’ennemi. Ce pourquoi, il est également la traduction animale de la phrase des Evangiles déclarant qu’il faut retrancher le membre qui scandalise et est une occasion de chute. Arrivons et arrêtons-nous devant la cage des fauves.

D’après Hugues de Saint-Victor, le loup est l’avarice et le renard la fourberie ; de son côté, Adamantius voit dans le sanglier la fureur et dans le léopard, la colère, les embûches et l’audace ; quant à la hyène qui change de sexe à volonté et imite à s’y méprendre la voix de l’homme, elle est la vivante formule de l’hypocrisie, alors que, sainte Hildegarde le démontre, la panthère est, à cause de la beauté de ses taches, le signe de la vaine gloire.

Inutile maintenant de nous appesantir sur le taureau, sur le bison, sur le buffle ; les initiés groupent en eux la force brutale et l’orgueil ; pour le bouc et le porc, ils sont des vases de luxure et de fange.

Ils partagent ce privilège avec le crapaud, bête immmonde, vestiaire du Diable qui emprunte ses contours afin d’apparaître à des Saintes, à sainte Térèse, pour en citer une. Quant à la pauvre grenouille, elle est aussi malfamée que ce batracien, parce qu’elle lui ressemble.

Meilleur est le renom du cerf, exemple, d’après saint Jérôme et Cassiodore, du chrétien qui détruit le péché par le sacrement de pénitence ou par le martyre. Portrait de Dieu dans les psaumes, il est encore le païen qui désire le baptême ; enfin, la légende lui assigne une haine