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Durtal se leva et s’en fut chercher dans sa bibliothèque les « Traditions tératologiques » de Berger de Xivrey ; ce livre contenait de longs extraits de ce roman d’Alexandre qui fit la joie des grands enfants, au Moyen Age.

« Les dragons, raconte cet écrit, sont plus grands que tout autre serpent et plus longs… ils volent en l’air qui se trouble par le dégorgement de leur punaisie de venin… Ce venin est si mortel que si une personne en est polluée ou atteinte, il lui semblerait être en un feu ardent et lui enlèverait la peau, à grosses vessies, comme si la personne était échaudée. » Et l’auteur ajoute : « la mer par leur venin s’en enfle. »

Ils ont une crête, des griffes aiguës, une gueule qui siffle et ils sont presque invincibles. Albert le Grand avance néanmoins que les enchanteurs qui les veulent dompter tapent à tour de bras sur des tambours et les dragons qui s’imaginent ouïr le roulement du tonnerre qu’ils appréhendent, se laissent alors manier aisément et prendre.

L’ennemi de ce reptile ailé est l’éléphant qui parvient parfois à l’écraser, en tombant de tout son poids dessus ; mais la plupart du temps, il est occis par le dragon qui se repaît de son sang dont la froideur apaise l’insupportable cuisson que lui vaut son propre venin.

Après ce monstre, le griffon qui participe du quadrupède et de l’oiseau, car il a le corps du lion, la tête et les serres de l’aigle ; puis le basilic, considéré tel que le roi des serpents ; il a quatre pieds d’étendue, une queue de la grosseur d’un arbre et tachée de blanc. Sa tête porte une huppe en forme de couronne ; sa voix est stridente