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ces interprétations, plus ou moins ingénieuses, le bœuf est, en somme, la bête de l’immolation, du sacrifice.

Quant à l’aigle, il est, nous l’avons dit, le Messie se précipitant sur les âmes pour les capter, mais d’autres versions lui sont encore attribuées par saint Isidore et par Vincent de Beauvais. A les entendre, l’aigle qui veut éprouver ses aiglons les suspend à ses serres, plane devant le soleil et les force à fixer, avec leurs prunelles qui commencent à s’ouvrir, l’orbe incandescent de l’astre. L’aiglon que cette fournaise éblouit, est lâché, rejeté par l’oiseau. Ainsi Dieu repousse l’âme qui ne peut fixer sur lui l’œil contemplatif de l’amour.

Il est encore le symbole de la Résurrection et saint Epiphane et saint Isidore l’expliquent de la sorte :

L’aigle, quand il vieillit, s’en va frôler de si près le soleil que ses plumes s’embrasent ; ranimé par ces flammes, il se plonge dans une fontaine, s’y baigne trois fois et s’en évade régénéré ; n’est-ce pas d’ailleurs la paraphrase du verset du Psalmiste : « ta jeunesse sera renouvelée ainsi que celle de l’aigle. » — Enfin sainte Madeleine de Pazzi l’envisage autrement et le tient pour l’image de la foi appuyée sur la charité.

Il va falloir mettre ces documents en place dans mon article, soupira Durtal, rangeant, sous une chemise à part, ces notes.

Voyons maintenant la faune chimérique originaire de l’Orient, expédiée en Europe par les Croisades et déformée par l’imagination des enlumineurs de missels et des imagiers.

En tête le dragon qui rampe et s’essore déjà dans la mythologie et dans la Bible.