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avait abouti à ce délicieux avorton, qui était un chef-d’œuvre, dans son genre, le chef-d’œuvre du joli, du tortillé, du tarabiscoté, du coquet. Il symbolisait l’âme déjà sans recueillement du XVIe siècle ; le sanctuaire trop éclairé s’extériorisait, se déployait avec elle, ne se repliait, ne se repérait plus. L’on voit bien cet intérieur de châtelaine, peint et doré, sur toutes les coutures, ces petites chapelles où saillent des corps de cheminées pour que Marguerite d’Autriche puisse se chauffer en écoutant la messe, garnies de coussins odorants, de sucreries, de bijoux et de chiens. Brou est un salon de grande dame et non la maison de tous. Dès lors, avec ses affutiaux, les ciselures de son jubé tendu, tel qu’un porche de dentelle, au-devant du chœur, il attend, attire presque un émaillage savant des traits, des rehauts colorés qui le féminisent, qui le mettent en complète union avec l’élégance de sa fondatrice, la princesse Marguerite dont le souvenir s’impose plus, dans cette petite Eglise, que celui de la Vierge.

Et encore siérait-il de savoir si jamais les murs et les piles de Brou furent peints ; et le contraire semble prouvé ; en tout cas, si une couche de fard ne déparerait pas cet étrange sanctuaire, il ne saurait en être de même à Chartres, car la seule teinte qui lui convienne, est la patine grasse et glacée, d’un gris qui s’argente, d’un blond qui tourne au fauve, le culottage que donne le temps, l’âge, aidé par les vapeurs accumulées des prières, par la fumée des encens et des cierges !

Et se ratiocinant ces réflexions, Durtal finissait par se référer comme toujours à sa propre personne, par se dire : qui sait si je ne regretterai pas amèrement, un jour,