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juste pourtant ; à la messe de 9 heures, ce jour-là, le bas de la nef s’emplit ; et il souriait, se rappelant cette partie de la Cathédrale bondée de petites filles des pensionnats de sœurs et de paysannes qui, ne voyant pas assez clair pour suivre la messe, allumaient tranquillement des bouts de bougie et se serraient, les unes contre les autres, lisant parfois à plusieurs dans le même livre.

Cette familiarité, ce bon enfant de piété que les affreux sacristains de Paris n’eussent pas toléré dans une Eglise, étaient si naturels à Chartres, si bien en accord avec l’accueil sans façon, si peu cérémonial de Notre-Dame !

Reste à savoir, fit Durtal, sautant à un autre ordre d’idées, si cette Basilique a conservé son épiderme intact ou si elle a été badigeonnée, au XIIIe siècle, de peintures. D’aucuns prétendent que tous les intérieurs de Cathédrales furent revêtus de couleurs, au Moyen Age ; est-ce véridique ? Et, en admettant que ce renseignement soit exact pour les Eglises romanes, l’est-il également pour les Eglises gothiques ? J’aime à me figurer, en tout cas, que jamais le sanctuaire de Chartres ne fut travesti par des bariolages comme ceux que nous devons subir à Saint-Germain-des-Prés, à Paris ; à Notre-Dame-la-Grande, à Poitiers ; à l’Eglise Saint-Sauveur, à Bruges. D’ailleurs, la peinture ne se conçoit — si l’on y tient — que pour de très petites chapelles, mais teinturer de bigarrures variées les murs d’une Cathédrale, pourquoi ? car ce système de tatouage rétrécit l’espace, abaisse les voûtes, appesantit les colonnes ; il supprime, pour tout dire, l’âme mystérieuse des nefs, tue la sombre majesté des allées, avec ces vulgaires dessins de frettes, de grecques, de losanges, de Croix, semés sur les piliers