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les bords de sa jupe, commençait presque à danser.

Un peu plus loin, le tailleur d’images avait conçu la Nativité de Marie, en vrai peintre flamand, installant au fond de son cadre un lit à courtines sur lequel Sainte Anne était couchée et veillée par une chambrière, pendant que la sage-femme et son aide lavaient l’enfant.

Mais un autre de ces groupes situé près d’une horloge de la Renaissance qui interrompt l’histoire narrée par cette clôture, était encore plus étonnant ; dans celui-là, Marie cousait une layette, en lisant un livre, et Saint Joseph endormi, sur un siège, la tête étayée par sa main, apprenait en un rêve la conception immaculée de la Vierge ; et il n’avait pas seulement les yeux fermés, il dormait si profondément, si réellement, qu’on voyait la poitrine anhéler, qu’on sentait le corps s’allonger, se fondre dans tout l’abandon de son être ; et ce que les doigts de la future accouchée cousaient bien, tandis qu’elle était absorbée par la prière, le nez sur son eucologe ! Jamais, à coup sûr, l’on n’avait serré de plus près la vie, exprimé avec autant d’assurance et de justesse la nature saisie à l’improviste, piquée au vol, sur le vif.

Après cette scène d’intérieur et une Adoration des bergers et des anges, venaient la Circoncision de Jésus, revêtu d’un tablier de papier blanc collé sur le ventre par un jocrisse, puis une Adoration des Mages et Jehan Soulas et les élèves de sa maîtrise avaient terminé, de ce côté, leur tâche ; de médiocres ouvriers leur succédaient, François Marchant d’Orléans et Nicolas Guybert de Chartres et derrière eux, l’art allait encore en descendant, baissait avec un sieur Boudin qui avait eu l’aplomb de signer ses misérables poupées, aboutissait à