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marin, sur la nuque ; et ces costumes en lambeaux, ces plumes repliées sur la poitrine, cette coiffure, cette mine de lurons mécontents, suggéraient l’idée que ces êtres étaient à la fois des mendiants, des bohémiens, des mohicans, des matelots.

Quant aux autres verrières, celles surtout qui renfermaient plusieurs personnages et étaient divisées en des séries de scènes, il eût fallu se munir d’un télescope et passer des journées entières à les étudier, pour parvenir à en déchiffrer les détails ; et des mois n’auraient pas suffi à cette tâche, car ces vitres avaient été maintes fois réparées et replacées souvent sans dessus dessous, de telle sorte qu’il devenait malaisé de les lire.

L’on avait établi un compte des figures insérées dans les fenêtres de la basilique ; il s’élevait au chiffre de 3.889 ; tous, au Moyen Age, avaient voulu offrir à la Vierge une image de verre et, en sus des cardinaux, et des rois, des évêques et des princes, des chanoines et des seigneurs, les corporations de la ville avaient commandé, elles aussi, leurs panneaux de feu ; les plus riches, telles que les compagnies des drapiers et pelletiers, des orfèvres et changeurs, en remettant cinq à Notre-Dame, tandis que les confréries plus pauvres des maîtres-éviers et porteurs d’eau, des portefaix et crocheteurs, en avaient chacune présenté un.

En ruminant ces réflexions, Durtal déambulait dans le pourtour, stationnait devant une petite Vierge de pierre, nichée au bas de l’escalier, qui conduit à la chapelle de Saint Piat, bâtie en hors d’œuvre, derrière l’abside, au XIVe siècle. Cette Vierge, qui datait, elle aussi, de cette époque, se reculait, s’effaçait dans l’ombre,