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récapitulant les simulacres guerriers des apparences : les formes de boucliers des rosaces, de lames d’épée des vitres, les contours de casques et de heaumes des ogives, la ressemblance de certaines verrières en grisaille résillées de plomb avec les chemises treillissées de fer des combattants, et, au dehors, contemplant l’un des deux clochers découpé en lamelles comme une pomme de pin, il se disait qu’il semblait vraiment que les « Logeurs du bon Dieu » eussent emprunté leurs modèles aux belliqueux atours des chevaliers ; qu’ils eussent voulu perpétuer ainsi le souvenir de leurs exploits, en figurant partout l’image agrandie des armes dont les Croisés se ceignirent, lorsqu’ils s’embarquèrent pour aller reconquérir le Saint-Sépulcre.

Et l’intérieur même de la basilique paraissait exprimer, dans son ensemble, la même idée et compléter les symboliques effigies des détails, en arquant sa nef dont la voûte en fond de barque imitait la quille retournée d’un bateau, rappelait le galbe de ces navires qui firent voile vers la Palestine.

Seulement, à l’heure actuelle, ces souvenances d’un temps héroïque étaient vaines. Dans cette ville de Chartres où Saint Bernard prêcha la Seconde Croisade, le vaisseau demeurait pour jamais immobile, la carène renversée, à l’ancre.

Et au-dessus de la ville indifférente, la cathédrale seule veillait, demandait grâce, pour l’indésir de souffrances, pour l’inertie de la foi que révélaient maintenant ses fils, en tendant au ciel ses deux tours ainsi que deux bras, simulant avec la forme de ses clochers