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d’une veulerie, d’une indigence de talent que rien n’égale ; elles sont dessinées par n’importe qui, peintes avec de la fiente, de la sauce madère, du macadam !

La Maison Mame — il est bon de le dire à la fin — a témoigné de son insens irréductible de l’art, en aidant à propager, à force d’argent, la basse faconde de ce peintre.

Il n’y a donc rien, plus rien à l’actif de l’Eglise ! se cria Durtal. Cependant, l’on comptait quelques essais d’ascèse picturale dans ce siècle. Il y avait de cela un certain nombre d’années, la congrégation Bénédictine de Beuron, en Bavière, avait tenté une rénovation de l’art ecclésial, et Durtal se souvenait d’avoir feuilleté des reproductions de fresques peintes par ces moines sur les murs d’une tour du Mont-Cassin.

Ces fresques reportaient à l’imagerie de l’Assyrie et de l’Egypte, avec leur Dieu tiaré, leurs Anges à bonnets de sphynx, à ailes ramenées en éventail derrière la tête, leurs vieillards à barbes nattées, jouant des instruments à cordes ; puis les moines de Beuron avaient délaissé ce genre hiératique dans lequel ils s’étaient montrés, il faut bien le déclarer, médiocres et, dans de nouvelles œuvres, principalement dans un « Chemin de Croix » publié en album à Fribourg-en-Brisgau, ils avaient adopté une étrange combinaison d’autres styles.

Les soldats romains qui figuraient sur ces pages étaient d’affligeants pompiers, originaires de l’école de Guérin et de David ; mais subitement sur quelques feuilles, là où paraissaient la Magdeleine et les Saintes Femmes, une formule plus jeune intervenait, mêlant à la rengaine des groupes, des types de femmes grecques de la