Page:Huysmans - La Cathédrale, 1915.djvu/369

Cette page n’a pas encore été corrigée

touche d’une main l’épaule du vieillard et lève l’autre, en un indéfinissable geste de surprise et de joie. — sur le volet de gauche, les trois Mages à genoux, les mains tendues, les yeux au ciel, contemplent un enfant qui rayonne dans une étoile et rien n’est plus beau que ces trois visages qui se transforment, qui prient de tout cœur, ceux-là, et sans s’occuper de nous !

Mais ces deux parties ne sont que les accessoires et le sujet central qu’elles assistent est régi de la sorte :

Au centre, devant un vague palais démoli, une espèce d’étable à colonnes dont le toit est en ruine, une Vierge prie, agenouillée devant l’Enfant ; à droite, dans la même posture, le donateur de l’œuvre, le chanoine Bladelin et, à gauche, Saint Joseph portant un petit cierge allumé, considèrent Jésus. Ajoutons six petits anges, trois en bas, à l’entrée de l’étable et trois en l’air. Telle se combine, en son entier, la scène.

Il faut remarquer tout de suite que les orfèvreries, les teintures ramagées des tapis de l’Orient, les brocarts ourlés de vair et parsemés de gemmes dont Van Eyck et Memling usèrent si largement pour leurs vêtures de donateurs et de Vierges, n’existent pas dans ce panneau. Les étoffes sont de trame magnifique, mais sans les éclats des soies brugeoises et des laines persanes. Roger Van der Weyden semble avoir voulu réduire le décor à sa plus simple expression et il n’en a pas moins réussi à créer, en employant des couleurs dont la discrétion ne cherche pas à s’imposer, un chef-d’œuvre de coloris clair et lucide.

Sans diadème, sans féronnière, sans un bracelet, sans un bijou, Marie, la tête simplement auréolée par quelques