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connaître le nom ; et il découvrait encore ce même côté rondouillard et appliqué du Dombild. La Vierge de Wilhelm était moins vulgaire que celle de la Cathédrale, mais elle était d’intention fade, pourléchée, d’une joliesse plus résolue encore ; elle était le triomphe du délicat et du coquet, avait l’air d’une petite soubrette de théâtre, avec ses cheveux ondés sur le front ; et l’Enfant était tordu en une allure efforcée, caressant le menton de sa Mère, tournant la tête de notre côté, pour se mieux faire voir.

Somme toute, cette Vierge n’était ni humaine, ni divine ; elle n’avait même pas le côté trop réel de celle de Lochner, et pas plus qu’elle, elle ne pouvait être la Génitrice élue d’un Dieu.

Ils sont quand même surprenants ces Primitifs qui débutent par où la peinture finit, par la mignotise et le fondant, ces gens qui sucrent dès le premier jour le vin vert, qui se révèlent, sans énergie, sans impétuosité, sans naïveté, sans simplesse, sans foi qui jaillisse de leurs œuvres ! Ils sont l’à rebours de toutes les écoles, car partout, en Italie, en Flandre, en Hollande, en Espagne, en Bourgogne, les panneaux commencèrent par être gauches et frustes, barbares et durs, mais ardents et pieux !

A scruter les autres toiles de ce musée, ma masse des morceaux anonymes, les tableaux désignés sous le nom du maître de la Passion de Lyversberg, du maître de saint-Bartholomé, Durtal arrivait à cette conclusion que l’école de Cologne n’avait acquis le sentiment mystique qu’après avoir subi l’influence des Flandres. Il avait fallu Van Eyck et surtout cet admirable Roger