avait bien dû s’avouer que cette façade, que cet extérieur était un ressemelage et un leurre. Tout était retapé, tout était neuf ; et cette Basilique n’arborait aucune sculpture sous ses évents ; elle était symétrique et bâtie au cordeau ; elle offensait par ses contours secs, par ses lignes dures.
L’intérieur valait mieux, malgré le feu d’artifice de barrière que tiraient, entres ses murs, d’ignobles vitraux modernes ; c’était là, dans une chapelle près du chœur, que s’exhibait, moyennant finance, le tableau célèbre de l’école allemande, le Dombild de Stéphan Lochner, un triptyque représentant l’Adoration des Rois Mages, sur son panneau du milieu ; Sainte Ursule, sur le volet de gauche ; Saint Géréon, sur le volet de droite.
Et l’ahurissement de Durtal avait alors dépassé le possible. Cette œuvre était ainsi agencée sur fond d’or : une Vierge diadémée, rousse, à tête ronde, drapée de bleu, tenait sur ses genoux un enfant qui bénissait ces Mages dont deux agenouillés de chaque côté du trône ; l’un, un vieux à barbiche d’officier en retraite, aux cheveux roulés en copeaux sur l’oreille, était somptueusement accoutré de velours rouge broché d’or et joignait les mains ; l’autre, un bellâtre à longs cheveux et à grande barbe, habillé d’une étoffe verte, orfrazée, et bordée de fourrures, élevait entre ses doigts un vase d’or. Et derrière chacun de ces deux hommes, d’autres personnages debout, brandissant des épées et des étendards, prenaient des attitudes cavalières, posaient pour le public, s’occupaient beaucoup plus des visiteurs que de la Vierge.
Alors, c’était ça, les Madones en fil de harpe, les Vierges sublimées de Cologne ! celle-là était bouffie,