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et il commença à répéter le « sub tuum ». « Nous nous réfugions sous votre abri, Sainte Mère de Dieu, ne méprisez pas »… Au fond, ce qu’il était nécessaire d’obtenir du Père Abbé dans le cloître duquel il se détiendrait, c’était le droit d’amener au monastère ses livres, de garder au moins quelques bibelots pieux dans sa cellule ; oui, mais comment faire comprendre que des volumes profanes sont nécessaires dans un couvent, qu’au point de vue de l’art, il est indispensable de se retremper dans la prose d’Hugo, de Baudelaire, de Flaubert… Voilà que je m’évague encore, se dit tout à coup Durtal. Il essaya de balayer ces distractions et reprit : « ne méprisez pas les prières que nous vous adressons dans nos besoins…» et il repartit, bride abattue, dans son rêve ; en admettant que cette proposition ne soit pas la cause de difficultés, il resterait encore la question des manuscrits à soumettre, de l’imprimatur à se procurer ; et cette question-là, comment la résoudre ?

Mme Bavoil rompit ces phantasmes en se levant. Il revint à lui, acheva en hâte sa prière… « mais délivrez-nous toujours de tous les périls, Vierge glorieuse et bénie, ainsi soit-il » ; et il quitta la gouvernante sur le seuil de l’Eglise et se dirigea, irrité contre ses débauches d’imagination, vers son logis.

Il y trouva une lettre du Directeur de la Revue qui avait inséré son étude sur le Fra Angelico du Louvre ; on lui commandait un nouvel article.

Cette diversion le réjouit ; il pensa que ce travail l’empêcherait peut-être de rêvasser ainsi sur ses désarrois de Chartres et ses souhaits de clôture.

Donner quoi à la Revue ? se dit-il, puisqu’ils veulent