Page:Huysmans - La Cathédrale, 1915.djvu/355

Cette page n’a pas encore été corrigée

l’enfant Jésus, diadémée, soupesant une boule dans une main et levant l’autre en un geste qui réclame l’attention, une statue, de précoce jongleur, en plâtre colorié, honorée dans cette chapelle solitaire par deux pots d’hortensias et une veilleuse allumée de verre rouge.

Ce que ce rococo est morne et gelé, pensa Durtal. Il s’agenouilla sur une chaise et, peu à peu, ses impressions changèrent. Sursaturé de prières, ce sanctuaire fondait ses glaces, devenait tiède. Il semblait que, par la grille de la clôture, des oraisons filtrassent et répandissent des bouffées de poêle dans la pièce. On finissait par avoir chaud à l’âme, par se croire bien chez soi, dans cet isolement, à l’aise.

L’étonnement demeurait seul d’entendre, si loin de tout, des sifflements de convois et des ronflements de machines.

Durtal sortit, tandis que Mme Bavoil achevait d’égrener son rosaire. Sur la porte, juste en face de lui la Cathédrale se profilait, au loin, mais ne possédait plus qu’un clocher ; le vieux se cachant derrière le neuf. Par ce temps un peu voilé, elle s’affinait dans le firmament, verte et grise, avec son toit oxydé de cuivre et le ton de pierre ponce de sa tour.

Elle est extraordinaire, se disait Durtal, se commémorant les divers aspects qu’elle revêtait, suivant les saisons, suivant les heures ; comme l’épiderme de son teint changeait !

En son ensemble, par un ciel clair, son gris s’argente et si le soleil l’illumine, elle blondit et se dore ; vue de près, sa peau est alors pareille à un biscuit grignoté, avec son calcaire siliceux rongé de trous ; d’autres fois,