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incohérente, bâtie et détruite au hasard des sables ! à quoi bon, s’il en est ainsi, ces souhaits monastiques, ces appels vers une autre destinée, cette quasi certitude que je suis en panne à une station, que je ne suis pas arrivé au lieu où je dois me rendre ?

Si c’était encore, ainsi qu’autrefois où je vous sentais près de moi, où lorsque je vous interrogeais, vous répondiez, si c’était de même qu’à la Trappe où j’ai tant souffert, pourtant ! mais non, maintenant, je ne vous entends plus, vous ne m’écoutez pas.


Durtal se tut, puis : j’ai tort de vous parler de la sorte, dit-il, vous ne nous pressez dans vos bras que lorsque nous sommes incapables de marcher ; vous soignez, vous caressez la pauvre âme qui naît dans une conversion ; puis quand elle peut se tenir sur ses jambes, vous la déposez à terre et la laissez essayer par elle-même ses propres forces.

C’est utile et c’est juste, mais n’empêche que le souvenir de ces célestes allégeances, de ces premières liesses perdues, désespère !

Ah ! Sainte Vierge, Sainte Vierge, prenez pitié des âmes rachitiques qui se traînent si péniblement quand elles ne sont plus sous votre lisière ; prenez pitié des âmes endolories pour lesquelles tout effort est une souffrance, des âmes que rien ne dégrève et que tout afflige ! prenez pitié des âmes sans feu ni lieu, des âmes voyagères inaptes à se grouper et à se fixer, prenez pitié des âmes veules et recrues, prenez pitié de toutes ces âmes qui sont la mienne, prenez pitié de moi !

Et souvent avant de se séparer de la Mère, il voulait la visiter encore dans ses réduits, là, où depuis le Moyen