question qui est pour moi, la plus anxieuse de toutes, d’autres valent aussi qu’on les médite. D’après le peu que m’ont raconté mes deux prêtres, le bienfaisant silence des Cisterciens n’existe pas chez les moines noirs. Or, si perfectionnés que puissent être les cénobites, ils n’en sont pas moins des hommes ; autrement dit, des sympathies et des antipathies se heurtent en un incessant côte à côte et forcément, à ne remuer que les sujets restreints, à vivre dans l’ignorance de ce qui se passe au dehors, la causerie tourne aux potins ; on finit par ne plus s’intéresser qu’à des futilités, qu’à des vétilles qui prennent une importance d’événements dans ce milieu.
On devient vieille fille, et ce que ces conversations sans imprévu doivent au bout de quelque temps vous lasser !
Enfin, il y a le point de vue de la santé. Dans le couvent, c’est le triomphe des ragoûts et des salades, le détraquement de l’estomac à bref délai, le sommeil limité, l’écrasante fatigue du corps malmené… ah ! tout cela n’est ni engageant, ni drôle ! — Qui sait si, après quelques mois de ce régime matériel et mental, l’on ne croule pas dans un ennui sans fond, si l’acedia des geôles monastiques ne vous terrasse point, ne vous rend pas complètement incapable de penser et d’agir ?
Et Durtal concluait : c’est folie que de rêver de la vie conventuelle ; je ferais mieux de demeurer à Chartres ; et il était à peine résolu à ne pas bouger, que l’autre côté de la médaille se montrait.
Le cloître ! mais c’est la seule existence qui soit logique, la seule qui soit propre ! ces souleurs qu’il se suggérait