Page:Huysmans - La Cathédrale, 1915.djvu/34

Cette page n’a pas encore été corrigée

sente. Elle paraissait être arrivée de tous les points du monde, sous l’extérieur des diverses races connues du Moyen Age : noire, telle qu’une femme d’Afrique, jaune ainsi qu’une Mongole, teintée de café au lait comme une métisse, blanche enfin de même qu’une Européenne, certifiant de la sorte que Médiatrice de l’humanité toute entière, Elle était toute à chacun et toute à tous, assurant par la présence de ce Fils, dont le visage empruntait à chaque famille son caractère, que le Messie était venu pour rédimer indifféremment tous les hommes.

Et il semblait que, dans son ascension, le jour suivît la croissance de la Vierge et voulût naître dans le vitrail où Elle était encore enfant, dans cette allée du transept Septentrional où gîtait Sainte Anne, sa mère, à la face noire, flanquée de David, le roi à la harpe d’or, et de Salomon, le monarque à la fleur de lys bleu se détachant tous les deux, sur des fonds de pourpre préfigurant, l’un et l’autre, la royauté du Fils ; de Melchissédec, l’homme tiaré, tenant l’encensoir et le pain et d’Aaron, coiffé de l’étrange chapeau rouge, ourlé de jaune citron, représentant, par avance, ensemble, le sacerdoce du Christ.

Et, au bout de l’abside, tout en haut, c’était encore Marie triomphale, dominant le bois sacré, longée de personnages du Vieux Testament et de Saint Pierre. C’était Elle aussi à l’extrémité du transept Sud, faisant vis-à-vis à Sainte Anne, Elle, grandie, devenue Mère à son tour, environnée de quatre figures énormes portant, ainsi qu’au jeu du cheval fondu, quatre petits personnages sur leurs épaules : les quatre grands prophètes qui avaient annoncé la venue du Messie, Isaïe, Jérémie,