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trompettes, la montagne tremble, en bas, la populace terrifiée prend la fuite. Et, immobile dans le roulement des tonnerres et les décharges répétées des foudres, Moïse écoute Celui qui est et qui dicte les conditions de son alliance avec Israël ; et la face resplendissante, Moïse descend de ce Sinaï qui représente, d’après Jean Damascène, le sein de la Vierge, comme la fumée qui en sort symbolise ses désirs et les flammes le Saint-Esprit !

Et subitement, ce tableau s’éteint, et près du Patriarche qui reste, se montre, celui que les sculpteurs ont omis d’inscrire sur la page extérieure du portique, mais dont les verriers ont peint le portrait dans le vitrail de la même façade, le grand Cohène Aaron, le premier Pontife du culte, celui que consacra Moïse.

Et cette cérémonie pendant laquelle Moïse institue en la personne et en la descendance de son frère aîné, le sacerdoce, surgit devant Durtal, affreuse. Les détails autrefois lus sur cette ordination qui dura sept jours lui reviennent. Après les ablutions corporelles et l’onction des huiles, l’holocauste des victimes commence. Des viandes grésillent sur les braises, mêlant la puanteur noire des graisses aux vapeurs bleues de l’encens ; et le Patriarche enduit de sang l’oreille, le pouce, le pied droit d’Aaron et de ses fils ; puis saisissant les chairs du sacrifice, il les dépose dans les mains des nouveaux prêtres qui se balancent sur un pied, puis sur un autre, berçant ainsi, au-dessus de l’autel, ces offrandes.

Ensuite tous baissent la tête sous une pluie d’huile mélangée de sang dont le consécrateur les inonde. Ils ont l’air de tueurs d’abattoirs et de lampistes, criblés