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porta sa croix, est l’image de ce Fils ; le bélier même, qui va être sacrifié, devient à son tour un modèle du Sauveur et le buisson dans lequel s’enchevêtrent ses cornes est le calque de la couronne d’épines. Mais il eût fallu, pour exprimer de ce sujet, tout le suc exemplaire qu’il contient, mettre dans un coin du support les deux femmes du Patriarche, Agar et Sara et son autre enfant Ismaël.

Car, vous le savez, ces deux femmes sont l’emblème, Agar de l’Ancien Testament et Sara du Neuf ; la première disparaît pour céder la place à la seconde, la Vieille Loi n’étant que la préparation de la Nouvelle ; et les deux garçons issus chacun de l’une de ces deux femmes sont par analogie les enfants des deux Livres et manifestent par conséquent l’un Ismaël, les Israélites et l’autre, Isaac, les Chrétiens.

Après Abraham, le père des croyants, voici Moïse qui allégorise le Christ, car la délivrance d’Israël est le prodrome de l’humanité arrachée par le Sauveur au démon, de même que le passage de la mer Rouge est la promesse du baptême. Il tient la table de la Loi et la colonne sur laquelle s’enroule le serpent d’airain ; puis Samuel, type multiple de Notre Seigneur, fondateur du Sacerdoce royal et de la Royauté sacerdotale, enfin, David présentant la lance et le diadème du Calvaire. Inutile de vous remémorer que, plus que tout autre, ce Roi-Prophète a présagé les tribulations du Messie et qu’il eut, pour plus de ressemblance avec lui, son Judas, en la personne d’Architophel qui, semblable à l’autre traître, s’est pendu.

— Avouez, dit Durtal, que ces statues devant lesquelles