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passe et l’abbé m’attend. Il descendit quatre à quatre les escaliers, fila vers la Cathédrale devant le portail Nord de laquelle l’abbé Plomb se promenait, de long en large, en récitant son bréviaire.

— Le côté des pécheurs et des démons est celui de la Vierge qui sauve les uns et écrase les autres, dit l’abbé. Les porches septentrionaux sont généralement les plus mouvementés des Basiliques ; pourtant, ici, les scènes sataniques sont au Sud et encore parce qu’elles font partie du Jugement dernier sculpté sur la baie du Midi ; sans quoi Chartres n’aurait point, ainsi que ses sœurs, de tableaux de ce genre.

— Alors le XIIIe siècle avait pour principe de loger la Madone au Nord ?

— Oui, pour les hommes de ce temps, le Septentrion représentait la tristesse des hivers, la mélancolie des ténèbres, la misère du froid ; l’hymne glacé des vents était pour eux le souffle même du Mal ; le Nord, c’était la zone du Diable, l’enfer de la nature, tandis que le Sud en était l’Eden.

— Mais c’est absurde ! s’écria Durtal ; c’est la plus grave erreur que la symbolique des éléments ait commise ! Le Moyen Age s’est trompé, car les neiges sont pures et les frimas sont chastes ! c’est le soleil, au contraire, qui est l’agent le plus actif pour développer le germe des pourritures, le ferment des vices !

Ils ont donc oublié que le 3e psaume des Complies cite le démon de l’heure chaude, de midi, tel que le plus harcelant et le plus dangereux de tous ; ils ont donc perdu de vue l’horreur des suées et des moiteurs fauves, le péril des amollissements nerveux, le risque