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en possédait deux éditions, l’une, imprimée, telle quelle, dans son authentique langage et son ancienne orthographe, par l’abbé de Madaune, l’autre rajeunie, mais d’experte façon, par M. de la Brière.

Et, en tournant au hasard les pages, Durtal tombait sur ces dolentes et humbles prières : " Toi qui m’as formé dans le ventre de ma mère, ne me laisse pas choir… Sire, je te confesse ma pauvreté… ma conscience me mord et m’expose les secrets de mon cœur. Avarice me contraint, luxure me souille, gloutonnerie me déshonore, colère me trouble, inconstance m’abat, paresse m’opprime, hypocrisie me leurre…

Et voilà, Sire, avec quels compagnons j’ai vécu ma jeunesse ; ce sont là les amis que j’ai eus, ce sont là les seigneurs que j’ai servis…"

Et plus loin, il s’écriait : " péchés sur péchés, toujours j’ai amassés et les péchés que, de fait, je ne pouvais commettre, par mauvaise cogitation, je les faisais…"

Durtal referma le volume et déplora qu’il fût si parfaitement inconnu des catholiques. Ils en étaient tous à remâcher le vieux foin déposé en tête ou en queue des journées du chrétien ou des eucologes, à lapper des oraisons solennelles, issues de la lourde phraséologie du XVIIe siècle, des suppliques où l’on ne percevait aucun accent sincère, rien, ni un appel qui partît du cœur, ni un cri pieux !

Etaient-elles assez loin, toutes ces rapsodies fondues dans le même moule, de ce langage si pénitent et si simple, de ce colloque si aisé et si franc de l’âme avec Dieu ! et Durtal parcourait encore, çà et là, quelques passages, lisait :