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XI


Durtal avait prié Mme Mesurat, sa bonne, de porter le café dans le cabinet de travail. Il espérait ainsi ne plus l’avoir devant lui, debout, comme pendant le déjeuner, lui demandant si sa côtelette de mouton était bonne.

Et bien que cette viande sentît le gilet de flanelle, Durtal avait ébauché un vague geste affirmatif, sachant fort bien que, s’il hasardait la moindre remarque, il devrait subir d’incohérents rabâchages sur tous les bouchers de la ville.

Aussi, dès que cette femme, despotique et servile, eut placé, sur sa table, la tasse, il se plongea le nez dans un livre, la força, par son attitude rechignée, à fuir.

Ce livre qu’il feuilletait, il le connaissait presque par cœur, car il l’avait souvent lu, en dehors des heures des offices, dans la Cathédrale ; il y était si bien dans son cadre avec sa foi naïve et ses élans ingénus qu’il semblait être la voix familière de l’église même.

Ce petit volume contenait le recueil des oraisons de Gaston Phoebus, Comte de Foix, au XIVe siècle ; Durtal