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borner à le compléter par des détails empruntés à l’herméneutique des fleurs.

— Et la sacristie ? demanda l’abbé Gévresin.

— Eh bien mais, comme d’après le Rational de Durand de Mende, la sacristie est le sein de la Vierge, nous la reproduirons avec des plantes virginales telles que l’anémone, avec des arbres tels que le cèdre que saint Ildefonse rapproche de notre Mère ; maintenant, si nous voulons la nantir des objets du culte, nous découvrons dans le rituel de la liturgie et dans les contours mêmes de certaines plantes, des indications presque précises. Ainsi le lin avec lequel doivent être tissés les amicts et les linges d’autel, est nécessaire ; l’olivier et le balsamum dont on extrait l’huile et le baume, l’oliban qui exsude les larmes de l’encens, sont décrétés. Pour les calices, nous pouvons choisir entre les fleurs qui servirent de modèles aux joailliers, le blanc liseron, la frêle campanule, la tulipe même, bien qu’à cause de ses accointances avec la magie, cette fleur soit décriée ; comme silhouette de la monstrance, nous avons l’hélianthe ou le tournesol…

— Oui mais, interrompit l’abbé Plomb, en essuyant ses lunettes, ce sont là des fantaisies uniquement déduites d’apparences matérielles ; c’est du symbolisme moderne et qui n’en est point en somme. Et n’en est-il pas de même, un peu aussi, des diverses interprétations que vous acceptez de la sœur Emmerich ? Elle est morte en 1824 !

— Qu’importe, riposta Durtal. La sœur Emmerich fut une Primitive, une voyante dont le corps seul a vécu de nos jours, mais son âme était loin ; elle vivait beaucoup