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les Juifs enlacèrent les branches pour façonner la couronne du Christ ; — et la chapelle est bâtie.

— Le rhamnus, dit l’abbé Gévresin — oui, Rohaut de Fleury assure que ce fut avec ses tiges épineuses que l’on ceignit la tête du Fils — et cela laisse rêveur, si l’on songe que, dans l’Ancien Testament, au chapitre IX du livre des Juges, tous les grands arbres de la Judée s’inclinent devant la Royauté que se décerne prophétiquement ce pauvre arbuste.

— Certes, répondit l’abbé Plomb — mais ce qui est bien curieux aussi, c’est le nombre de sens absolument différents que les très vieux symbolistes prêtent au nerprun. Saint Méthode l’adapte à la Virginité ; Théodoret, au péché ; saint Jérôme, au Diable ; Saint Bernard, à l’humilité.

Tenez aussi que dans la « Theologia symbolica » de Maximilien Sandaeus, cet arbrisseau est noté comme le prélat mondain, alors que l’olivier, la vigne, le figuier auxquels l’auteur le compare, signifient les ordres contemplatifs. Il y a là, sans doute, une allusion aux épines que les évêques ne se faisaient pas toujours faute d’enfoncer dans le chef dolent des cloîtres.

Vous oubliez encore, dans le blason de votre chapelle, le roseau qui fut le sceptre dérisoire qu’on infligea au Fils. Mais le roseau est, ainsi que le rhamnus, une sorte de maître Jacques. Saint Méliton le définit : l’Incarnation et les Ecritures ; Raban Maur : le prédicateur, l’hypocrite et les gentils ; Saint Eucher : le pécheur ; l’anonyme de Clairvaux : le Christ ; et j’en oublie.

— C’est bien des personnifications pour une seule espèce, fit Durtal ; — maintenant si nous désirons