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et les Litanies des Saints ; puis un frère-lai présentait le moule dans lequel devaient cuire deux hosties à la fois ; et le jour où l’on apprêtait ces azymes, ceux qui avaient pris part à leur confection dînaient ensemble et leur table était servie pareillement à celle du Père Abbé.

De même à Cluny, où trois prêtres ou trois diacres à jeun, après avoir débité les prières que je viens d’énumérer, se revêtaient d’aubes et s’adjoignaient quelques convers. Ils délayaient dans de l’eau froide la fleur du froment provenant de grains triés, un à un, par les novices ; et un frère, les mains gantées, cuisait les oublies sur un grand feu de sarments, dans le moule historié de fer.

— Cela me fait songer, dit Durtal qui alluma une cigarette, au moulin à moudre le blé du sacrifice.

— Je connais bien le pressoir mystique qui fut très souvent reproduit par les verriers du XVe et du XVIe siècle et qui était en somme, une paraphrase du texte prophétique d’Isaïe : « J’étais seul à fouler un pressoir et nul homme n’est venu travailler avec moi », mais j’avoue que le moulin mystique m’est inconnu, fit l’abbé Gévresin.

— J’en ai aperçu un à Berne, dans un vitrail du XVe siècle, attesta l’abbé Plomb.

— Et moi, je l’ai vu dans la Cathédrale d’Erfurt, peint non sur verre, mais sur bois ; ce tableau anonyme et daté de 1534, m’est présent encore :

En haut, Dieu le Père, un bon vieux, à barbe de neige, solennel et pensif — puis le moulin semblable à un moulin à café, placé au bord d’une table et ayant son tiroir du