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béatitude céleste, l’éclat de la Sainteté, l’Eglise, la perfection, la pureté de la chair…

— Sans compter que, suivant la traduction d’Origène, le lys, entre les épines, se réfère à l’Eglise entre ses ennemis, jeta l’abbé Plomb.

— Il est donc Jésus, sa Mère, les Anges, les Saints, l’Eglise, les Vertus, les Vierges, il est tout ! s’exclama Durtal. On se demande comment ces jardiniers mystiques parvenaient à démêler tant de desseins dans une seule et même plante !

— Mais vous le voyez ; outre les analogies et les similitudes qu’ils pouvaient relever entre la forme, la senteur, la teinte d’une fleur et l’être auquel ils la rattachaient, les symbolistes commentaient la Bible, étudiaient les passages qui mentionnent le nom de tel arbre ou de telle plante, et ils qualifiaient ensuite ces végétaux selon la signification que déterminait ou que laissait sous-entendre le texte ; et ils agissaient de même pour les animaux, pour les couleurs, pour les pierres, pour toutes les autres choses auxquelles ils distribuaient des sens ; en somme, c’est assez simple.

— Et assez compliqué ! où diable en étais-je ? s’enquit Durtal.

— A la chapelle de la Vierge ; vous y mettez des anémones, des roses ; joignez-y un buisson, image de Marie, d’après l’anonyme de Clairvaux, de l’Incarnation, suivant l’anonyme de Troyes ; le noyer dont les fruits sont pris, par l’évêque de Sardes, dans la même acception.

— Et aussi du réséda, s’écria Durtal, car la sœur Emmerich en parle à diverses reprises et très