Page:Huysmans - La Cathédrale, 1915.djvu/278

Cette page n’a pas encore été corrigée


Tenez, suivant elle, le plantain guérit la personne qui a bu ou mangé un maléfice et la pimprenelle est dotée des mêmes vertus, lorsqu’on l’attache à son col.

La myrrhe doit être chauffée sur la chair jusqu’à ce qu’elle s’amollisse et alors elle rompt l’art des sorciers, délivre des phantasmes, devient l’antidote des philtres. Elle disperse aussi les pensées de luxure si on la place sur la poitrine et sur le ventre ; seulement quand elle élimine les idées de libertinage, elle attriste et rend « aride » ; ce pourquoi, il ne faut surtout point en absorber, sans une grande nécessité, observe la Sainte.

Il est vrai que, pour refouler le chagrin qu’insinuerait la myrrhe, l’on pourrait alors utiliser l’ « hymelsloszel » qui est ou paraît être la primevère officinale, le vulgaire coucou dont les ombelles d’un jaune odorant s’épanouissent dans les forêts humides et dans les prés. Celle-là est chaude et puise ses forces dans la lumière. Ausi chasse-t-elle la mélancolie qui trouble, assure Sainte Hildegarde, les mœurs de l’homme et lui fait proférer des paroles contre Dieu ; ce qu’entendant, les esprits de l’air accourent et achèvent d’affoler par leur présence celui qui les prononce.

Je pourrais vous citer encore la mandragore, plante chaude et aqueuse, qui se peut assimiler à l’être humain dont elle singe la ressemblance ; aussi subit-elle la suggestion du démon plus que les autres, mais je préfère vous révéler une de ses sages recettes.

Voici l’ordonnance qu’elle rédige, à propos de la fleur de lys : Prenez l’extrémité de sa racine, écrasez-la dans de la graisse rance, chauffez cet onguent et frottez-en